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Les cerfs de Longueuil : et si on pouvait faire mieux ?

Dans les prochains jours, des contractants engagés par la Ville de Longueuil captureront et mettront à mort 75 cerfs de Virginie au parc Michel-Chartrand, y compris plusieurs femelles enceintes dont la mise-bas est prévue dans les prochains mois.

Plutôt que de travailler à l’acceptabilité sociale de méthodes d’abattage massif, la ville de Longueuil devrait plutôt tracer la voie en montrant qu’une gestion éthique et innovante de la faune, basée sur les meilleures approches scientifiques, est possible.

La SPCA de Montréal est préoccupée, tant par le processus décisionnel entrepris par la Ville de Longueuil dans ce dossier, que par la solution qu’elle a retenue. Les discussions qui prévoient le même genre d’opération dans les grands parcs de la Ville de Montréal et sur les sites de la Sépaq nous inquiètent également.

La gestion de la population de cerfs du parc Michel-Chartrand aurait dû faire l’objet d’une analyse inspirée des meilleures pratiques internationales et engagée dans une optique de durabilité, en consultation avec des experts en bien-être animal ainsi que des organismes de protection des animaux et non uniquement des acteurs du milieu écologique. Malheureusement, on a choisi une solution d’abattage à court terme et aucun plan de gestion éthique et responsable privilégiant les alternatives à la mise à mort ne semble envisagé à moyen ou à long terme.

Les méthodes létales de contrôle de population sont peu populaires auprès des citoyens et on a tort d’attribuer cette opposition à une simple réaction émotive. La science le montre bien, elles sont inefficaces à long terme.

La capture et mise à mort des cerfs, tel que le privilégie Longueuil, crée un effet de vide qui invite les populations animales à réinvestir le territoire. Comme pour la gestion des populations de chats errants, les études démontrent que c’est en gardant un groupe d’animaux stérilisés sur un territoire donné qu’on met un frein à la surpopulation.

Une piste prometteuse pourrait être la vasectomie des cerfs mâles, une opération qui peut être pratiquée sur le terrain, sans qu’aucun transport ne soit nécessaire. Les mâles conservent alors leur territorialité et empêchent ainsi en partie la venue d’autres mâles fertiles.

En Colombie-Britannique et ailleurs dans le monde, des stratégies de relocalisation ont également été évaluées par de récentes études, notamment une méta-analyse démontrant un intéressant taux de succès statistique de ces opérations (2017, European Journal of Wildlife Research).

Des options telle que l’augmentation de la pression de chasse en zones péri-urbaines sont souvent évoquées. Rappelons qu’elles représentent des dangers importants et ne sont pas acceptables pour une large partie de la population.

Alors que les bouleversements climatiques et l’étalement urbain ont un impact grandissant sur l’habitat des animaux sauvages, une cohabitation harmonieuse avec de multiples espèces animales en zone urbaines et péri-urbaines est à redessiner. Il faut le faire en s’appuyant sur la science récente et en gardant en tête une perspective éthique ainsi qu’un devoir à l’égard des animaux qui partagent notre habitat.

Élise Desaulniers
Directrice générale de la SPCA de Montréal

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