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Les poules pondeuses et les poussins

Saviez-vous que les poules pondeuses sont de la même espèce que les poulets élevés pour leur chair?

Il s’agit simplement de différentes races, qui ont fait l’objet de sélection génétique pour renforcer certaines caractéristiques jugées désirables, comme le nombre d’œufs pondus annuellement ou la capacité à prendre du poids rapidement.

Comme nous, les poules peuvent rêver!

Elles ont également une phase du sommeil qui nous est inconnue, soit le sommeil unihémisphérique, durant laquelle un seul hémisphère du cerveau est endormi tandis que l’autre demeure éveillé. Les poules peuvent donc dormir d’un œil, ce qui est fort utile pour un animal qui a de nombreux prédateurs.

Les poules disposent d’un système de communication complexe qui inclut plus de 30 différentes vocalises; elles peuvent ainsi dire à leurs congénères comment elles se sentent, leur transmettre des signaux d’avertissement en cas de danger, les prévenir si elles trouvent de la nourriture, et elles peuvent même communiquer avec leurs poussins qui n’ont pas encore éclos de l’œuf.

Elles ont également une bonne mémoire à long terme et peuvent reconnaître au moins 100 différents visages; des visages d’autres poules, mais aussi d’humains!

Il y a environ 5,2 millions de poules pondeuses au Québec,
et seulement 4 % d’entre elles ont accès à l’extérieur.¹
Fig. 1 Des poules pondeuses dans des cages en batterie, Québec
Fig. 2 De gauche à droite : une poule et ses poussins dans un sanctuaire
L’expression « mère poule » est certainement fondée, car les poules sont d’excellentes mères. Entre autres choses, elles apprennent à leurs poussins quoi manger, où se reposer et comment réagir en cas de menace. Les poussins élevés artificiellement (sans mère) sont plus craintifs et plus enclins à développer des troubles du comportement, comme le piquage. Les réactions de panique sont plus fréquentes chez les oiseaux craintifs, ce qui peut mener à de l’étouffement et des fractures osseuses.2

Le saviez-vous?

Les poules ont été domestiquées il y a environ 3 500 ans. Elles descendent essentiellement du coq doré (Gallus gallus), un oiseau du Sud-Est asiatique. Elles appartiennent à la grande famille des phasianidés, qui inclut les faisans, mais aussi les cailles, les perdrix, les paons, les tétras et les dindons.

Fig. 3 Un coq doré, l’ancêtre de la poule.

La vie des poules pondeuses au Québec

Quelques heures après leur éclosion, les poussins sont sexés, c’est-à-dire qu’on détermine leur sexe notamment en déployant leurs ailes pour observer les plumes ou en examinant leur cloaque. Les poussins femelles seront retenus pour devenir des poules pondeuses, tandis que leurs frères seront exterminés puisqu’ils sont inutiles dans cette filière. C’est donc la moitié des poussins qui sont systématiquement tués dans le secteur de la production d’œufs. Ils sont habituellement mis à mort par suffocation au dioxyde de carbone.3

Le plus souvent, les poussins femelles, les poulettes, seront logés à plusieurs individus dans des cages dont les dimensions minimales sont de 432 centimètres carrés pour chaque poule, selon les normes canadiennes. Ce qui veut dire que chaque poule disposera de moins d’espace que la superficie d’une feuille de papier A4, et ce, pour toute son existence. Les poulettes atteignent la maturité vers l’âge de 17 semaines.4

Fig. 4 Des poules pondeuses dans une cage enrichie, Colombie-Britannique.
Fig. 5 Une poule pondeuse en rétablissement dans un sanctuaire.

Malgré des millénaires de domestication, les poules pondeuses n’ont pas perdu leurs instincts et elles chercheront toujours à reproduire des comportements naturels hérités de leur ancêtre le coq doré : prendre des bains de poussière pour entretenir leur plumage, se percher pour observer leur environnement et se reposer, construire des nids et couver leurs œufs, picorer le sol à la recherche de nourriture. Dans les cages, elles ne peuvent tout simplement pas étendre leurs ailes.

De plus, la structure sociale hiérarchique des poules et la disposition des cages font en sorte que certaines poules auront difficilement accès à la nourriture et à l’eau, ce qui entraînera sous-alimentation, déshydratation, blessures et décès.

À l’état sauvage, l’ancêtre des poules avait normalement une couvée par année, composée de 4 à 6 œufs.5 La poule pondeuse contemporaine, elle, pond en moyenne 330 œufs par année.6 Elle sera envoyée à l’abattoir lorsque la fréquence de sa ponte diminuera, vers l’âge de 1 an, tandis que son espérance de vie est de 5 à 10 ans.7 D’ailleurs, la production d’œufs exigeant beaucoup de calcium, les poules pondeuses sont très sujettes à l’ostéoporose, ce qui rend leurs os d’autant plus fragiles lors du transport vers l’abattage. Il n’est pas rare que les poules pondeuses finissent leur vie le corps fracturé.

Les poules « en liberté »

Certains œufs vendus à l’épicerie portent la mention « poules en liberté » sur leur emballage. Que signifie cet énoncé? En réalité, le terme « en liberté » est une expression trompeuse, puisque les poules qui ont pondu ces œufs vivent généralement en permanence à l’intérieur de bâtiments. De plus, elles sont entassées à une densité presque aussi élevée que celle des élevages en batterie (des cages disposées en rangées et en colonnes, qui sont identiques et qui sont reliées dans la même unité). Les poules « en liberté » peuvent subir le même type de mutilations que leurs congénères d’élevage en cages, et les poussins mâles sont systématiquement tués après l’éclosion. Enfin, comme l’expression « poules en liberté » n’est pas une appellation contrôlée, elle n’offre aucune garantie aux consommateurs.

Fig. 6 Une ferme d’œufs biologiques en Italie où les poules vivent « en liberté »

Pratiques courantes de l’industrie⁸

Certaines pratiques incompatibles avec le bien-être animal sont permises. Par exemple, afin de prévenir les blessures entre les poules, le rognage du bec est pratiqué sur les poussins : on enlève une partie du bec de l’oiseau à l’aide d’un instrument qui coupe et cautérise simultanément (par exemple, une lame chaude). Cette mutilation est effectuée sans contrôle de la douleur. De plus, si le rognage du bec est mal exécuté, il peut provoquer des douleurs aiguës et chroniques.

La lente transition vers les « logements enrichis »⁹

Pour satisfaire aux demandes des consommateurs qui s’inquiètent du bien-être animal, l’industrie canadienne des œufs s’est engagée à abandonner les cages conventionnelles au profit d’un nouveau type de cages appelées « logements enrichis » afin de les dissocier de l’image négative liée au mot « cage ». Ces logements offrent un peu plus d’espace aux poules pondeuses et seront obligatoires à compter de 2036.

Cependant, le bien-être animal est sévèrement compromis dans les cages enrichies. Bien que les poules y bénéficient d’une surface un peu plus grande, il demeure qu’elles passent leur vie en cage et peuvent être soumises au rognage du bec sans contrôle adéquat de la douleur. De plus, elles ne peuvent exprimer l’étendue de leurs comportements naturels ni chercher leur nourriture au sol. Dans un contexte naturel, les poules passent 50 % de leur temps à chercher leur nourriture.

Ailleurs dans le monde

Il est interdit d’élever des poules pondeuses en batterie depuis 1991 en Suisse et depuis 2012 dans l’Union européenne. Plusieurs États américains interdisent aussi cette pratique, dont la Californie, le Michigan et l’Oregon.

Certains pays, comme l’Allemagne et la France, ont interdit l’élimination des poussins mâles et l’ont remplacée par l’ovosexage, qui consiste à déterminer le sexe d’un embryon dans l’œuf afin de détruire les sujets mâles. L’adoption de cette nouvelle pratique est basée sur le fait que des preuves scientifiques suggèrent que la perception de la douleur des embryons de poussins ne commence qu’à partir du 15e jour d’incubation.10

Ce que vous pouvez faire pour aider les poules

Soyez un·e allié·e des poules en vous informant sur elles! Voici quelques suggestions de gestes à poser pour venir en aide aux poules :

Signez pour les protéger. Si ce n’est déjà fait, nous vous encourageons à signer notre manifeste pour un encadrement juridique des conditions de vie des poulets et des autres animaux d’élevage au Québec, appuyé par près d’une quarantaine de personnalités québécoises. Ce manifeste vise à faire modifier les lois afin que ces animaux bénéficient enfin des protections qu’ils méritent.

Informez-vous sur les poules en écoutant l’épisode À quoi rêvent les poules? de notre balado Au nom des animaux. Ce dernier est également offert sur Google Balados, Spotify et Apple Podcasts. Et faites-le écouter à vos proches!

Un autre moyen d’arriver à faire changer les conditions de vie des animaux comme les poules est d’écrire à votre député·e.

La façon la plus efficace d’aider les poules est de réduire ou d’éliminer votre consommation d’œufs. Ainsi, vous vous attaquez au problème à la source.  De plus, demandez l’adoption de politiques favorisant une transition alimentaire durable.

Ce que fait la SPCA pour protéger les poules

Lors d’une consultation tenue par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) dans le cadre de l’initiative de modernisation de l’étiquetage des aliments, la SPCA de Montréal a soumis des commentaires. Entre autres choses, l’organisme croit que l’industrie agricole devrait être tenue de divulguer, par le biais de l’étiquetage obligatoire, la méthode d’élevage utilisée pour produire la viande, les œufs et le lait. À l’heure actuelle, il n’y a aucun étiquetage obligatoire concernant les produits d’origine animale, et les mentions relatives au bien-être animal ne sont pas réglementées; celles-ci sont donc invérifiables pour les consommateurs.11
Fig. 7 Fagony, un coq de race pondeuse recueilli par la SPCA de Montréa

Apprenez-en plus sur chacune de ces espèces

Crédits photo :

  • Photographie dans la bannière : © Jo-Anne McArthur/We Animals Media
  • Fig. 1 Photographie : © Existence/We Animals Media
  • Fig. 2 Photographie : © Gabriela Penela/We Animals Media
  • Fig. 3 Photographie : © Abhishek Das, eBird
  • Fig. 4 Photographie : © Abigail Messier/We Animals Media
  • Fig. 5 Photographie : © Jo-Anne McArthur/We Animals Media
  • Fig. 6 Photographie : © Stefano Belacchi/Essere Animali/We Animals Media
  • Fig. 7 Photographie : © Audrey Loiselle