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Acheter une tortue n’a plus sa place en 2021

Acheter, plutôt qu’adopter, un chien, un chat ou un lapin en animalerie est interdit à Montréal depuis le 1er janvier 2020. Il s’agit d’un premier pas dans la bonne direction, mais le règlement aurait dû aller plus loin et interdire complètement la vente d’animaux exotiques en animalerie, avec les tortues aquatiques en tête de liste. 

Malgré les recommandations à cet effet formulées par la SPCA de Montréal lors de la révision du règlement municipal animalier en 2020, la vente de tortues demeure permise à Montréal. Il s’agit d’une occasion manquée de régler un problème récurrent et de contrer une menace importante pour le bien-être animal, la santé publique et la biodiversité du Québec. 

Une qualité de vie compromise 

Les tortues à oreilles rouges et les tortues curseurs à ventre jaune, communément vendues en animalerie, ont une espérance de vie très longue, soit de 40 à 50 ans. Elles peuvent dépasser la taille d’un cantaloup et ont des besoins très particuliers. La garde en captivité de ces animaux limite l’expression de leurs comportements naturels et met en jeu leur bien-être physique et psychologique. 

Conséquences physiques 

Un environnement inadapté ou un régime alimentaire déficient peuvent entraîner de sérieuses conséquences sur la santé physique de la tortue. Par exemple, il y a quelques années, le Bureau des enquêtes de la SPCA de Montréal a reçu un signalement concernant une tortue en vente dans une animalerie. L’animal, extrêmement faible, présentait d’importants ulcères sur sa carapace, dont un tellement profond que l’un de ses poumons était visible. En raison des graves et douloureuses lésions dont elle souffrait, la tortue a malheureusement dû être euthanasiée d’urgence. L’employé de l’animalerie qui en avait la garde a été condamné pour négligence. À notre connaissance, il s’agissait de la toute première condamnation criminelle pour cruauté envers un reptile au Québec. 

Conséquences psychologiques 

Selon la littérature scientifique, les reptiles sont capables de ressentir au moins huit émotions et états psychologiques : la peur, l’anxiété, le stress, la détresse, l’excitation, la frustration, la souffrance et la douleur, et vivent souvent du stress chronique en captivité. Une étude a pu démontrer que les tortues présentent une accélération du rythme cardiaque même lorsqu’elles sont manipulées doucement, une indication de stress émotionnel qui ne se manifeste pas nécessairement de manière comportementale. Une personne qui manipule une tortue n’est probablement pas du tout consciente du stress qu’elle lui cause. 

Une menace pour l’environnement et la santé publique 

Parce qu’il est difficile de répondre aux besoins de base des tortues en captivité et de leur garantir une bonne qualité de vie, il n’est pas rare que ces dernières soient relâchées dans la nature lorsque leurs gardien.ne.s s’en lassent ou n’arrivent plus à s’en occuper. Il arrive aussi que des tortues, qui ont accès à l’extérieur, s’échappent de leur bassin et aboutissent dans nos cours d’eau. 

Une fois en liberté dans la nature, ces tortues sont considérées comme des espèces envahissantes et menacent la biodiversité indigène du Québec. Elles font concurrence à d’autres espèces de tortues pour la nourriture et l’habitat, dont des sites de ponte et des endroits pour se prélasser au soleil. Des tortues envahissantes peuvent aussi transmettre des maladies et parasites aux tortues indigènes et modifier la structure et la composition même de leur habitat. Les reptiles, dont les tortues, sont naturellement porteurs de salmonelles, des bactéries transmissibles aux humains et qui peuvent causer la salmonellose, une infection intestinale. Selon l’Agence de la santé publique du Canada, les femmes enceintes, les enfants de moins de cinq ans, les personnes âgées et celles ayant un système immunitaire affaibli sont les plus vulnérables à l’infection lors de la manipulation de reptiles ou d’article avec lequel un reptile a pu entrer en contact. Pour cette raison, il est déconseillé que les ménages où vivent ces personnes adoptent un reptile. 

Comment aider 

La vente de tortues en animalerie ne fait qu’augmenter la présence de ces animaux dans des lieux inadéquats et, par conséquent, aggrave le problème. De plus, le nombre de sanctuaires et de ressources spécialisées pour répondre aux besoins des tortues abandonnées étant très limité, cela n’arrange en rien la situation. Si vous connaissez très bien les besoins particuliers des tortues et que vous êtes prêt.e à assumer la responsabilité et l’engagement qui découlent de leur garde, la SPCA recommande plutôt d’en adopter une ou de l’héberger en famille d’accueil. 

La SPCA encourage aussi les citoyen.e.s engagé.e.s à se faire entendre auprès de leurs élu.e.s, tant au niveau municipal que provincial et fédéral. Signalons haut et fort aux décideur.euse.s que pour des raisons de bien-être animal, de santé publique et de conservation de la biodiversité, la vente de tortues et d’animaux exotiques n’a plus sa place en 2021 et devrait donc être interdite. 

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