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De bonnes intentions qui tournent au cauchemar

Il y a des journées plus difficiles que d’autres dans mon travail, mais chaque fois que je suis confrontée au « syndrome de Noé », je sais que la détresse que je vais voir va me prendre aux tripes et rester graver dans ma mémoire.

Des conditions insoutenables

J’arrive devant un appartement et déjà, une odeur envahit mes narines. Pas une senteur agréable. Une odeur qui mélange excréments, humidité et ammoniaque. Le genre de puanteur qui prend au nez, pique la gorge et reste collée aux vêtements toute la journée.

Je cogne à la porte et un homme âgé vient m’ouvrir. Une personne qui semble bien aimable et qui est très surprise de voir une inspectrice de la SPCA arriver chez elle, en uniforme, avec des gants de latex et des couvre-bottes.

Je lui explique mon travail et le fait qu’un signalement inquiétant a été fait concernant les chats qu’il garde chez lui. L’homme me fait entrer et me répète à maintes reprises que ses chats ne sont pas maltraités et qu’il ne leur ferait jamais de mal.

À l’intérieur du logement, c’est l’horreur. Des litières qui débordent, des excréments au sol, des meubles et des murs ravagés par les griffes de chats et des traces d’urine un peu partout sur les moulures. Des chats, il y en a des dizaines. Sur la table, sur le lit, sur les comptoirs et plusieurs qui vont se cacher sous les meubles dès que j’entre dans l’appartement. J’estime qu’il y a au moins 30 chats dans le petit trois et demie, mais il est impossible de les dénombrer précisément.

Perdre le contrôle

L’homme s’empresse de me montrer la nourriture qu’il achète pour ses animaux, les bols d’eau mis à leur disposition et il m’explique qu’il fait tout son possible pour en prendre soin. Il me raconte avec émotion que tout cela a commencé quand il a fait entrer une chatte errante qui était enceinte, il y a plusieurs années, parce qu’il avait peur qu’elle meure de froid en hiver. Il en a secouru d’autres les hivers suivants et ne sait plus exactement combien il en a aujourd’hui.

Au fil de la discussion, je découvre que l’homme est très seul. Pas de famille, pas de proches, ni de soutien des services sociaux. Tout ce qu’il a, ce sont ses chats.

L’homme ne sent plus l’odeur qui envahit son logement et ne se rend pas compte de l’insalubrité dans laquelle il vit. La seule chose qui lui importe, ce sont ses chats.

Il en est même rendu à dormir dans un lit imprégné d’urine de chat. Il ne veut pas fermer la porte de sa chambre, car il sait que c’est l’endroit préféré de ses « bébés ».

Il refuse de voir que plusieurs chats sont amaigris et répète sans cesse qu’il a voulu les sauver et qu’il ne leur ferait jamais de mal.

Le vieil homme est surpris quand je lui dis que ses chatons sont très malades et qu’ils respirent difficilement. Il dit qu’il irait bien chez le vétérinaire, mais qu’il n’a pas assez d’argent.

Bien entendu, mon cœur est lourd quand je vois des animaux vivre dans des conditions aussi lamentables, mais je ne suis aucunement insensible à la condition de cet homme, qui lui aussi a terriblement besoin d’aide.

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Un trouble de santé mentale méconnu

Le syndrome de Noé est malheureusement un problème de santé mentale méconnu dans notre société. C’est le rêve de sauver qui se transforme en cauchemar. C’est la solitude qui pousse à s’enfermer dans un monde ou l’amour pour les animaux fait oublier les horreurs qui nous entourent.

La réalité est triste. Faute de ressources pour venir en aide aux personnes atteintes de ce syndrome, je n’ai parfois d’autre choix que de saisir ces animaux lorsque le propriétaire refuse de les céder ou qu’il est incapable de s’en sortir par lui-même. En effet, la loi québécoise actuelle ne prévoit aucun mécanisme qui permettrait de déclarer un individu inapte à posséder des animaux pour des raisons de santé mentale, contrairement à d’autres provinces comme le Manitoba,la Nouvelle-Écosse et l’ïle-du-Prince-Édouard. Ces lacunes législatives me forcent parfois à porter des accusations contre ces personnes, à contrecœur, dans le but de leur venir en aide.

Des conséquences graves pour les animaux

Les animaux saisis, souvent malades, amaigris et peu socialisés ont besoin de beaucoup de temps et d’amour avant de pouvoir être relogés et ils resteront bien souvent marqués par cette expérience.

Cette fois-ci, heureusement, la conclusion n’est pas aussi dramatique. Après quelques visites, plusieurs avis et de longues discussions, je réussi à convaincre l’homme de céder les animaux à la SPCA de Montréal afin qu’ils puissent recevoir les soins dont ils ont cruellement besoin et trouver des familles adoptives. L’homme pourra garder trois chats, qui seront stérilisés à Clinique vétérinaire de stérilisation ciblée permanente Mittens de la SPCA de Montréal.

Aidez la SPCA de Montréal à secourir ces animaux

En faisant un don à la SPCA de Montréal, vous permettez que des ressources soient déployées pour venir en aide aux animaux en détresse. Grâce à mon travail et à celui de mes collègues, des centaines d’animaux sont sauvés chaque année et profitent d’une nouvelle vie. Merci de votre compassion!

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amelie_bio_photoAmélie Martel

En 2011, Amélie Martel s’est d’abord impliquée auprès de la SPCA de Montréal en tant que promeneuse de chiens bénévole. Pendant son baccalauréat en droit à l’Université de Montréal, Amélie a également suivi une formation en comportement animal. Grâce à ces connaissances, elle a pu mettre sur pied et diriger l’équipe « Enrichissement canin » de la SPCA. Après avoir effectué son stage du Barreau du Québec et exercé son métier d’avocate pendant quelques mois, Amélie a jumelé son parcours scolaire en droit à sa passion pour les animaux en rejoignant l’équipe du Département des enquêtes et inspections de la SPCA de Montréal. Elle a également adopté deux chiens et pris en foyer d’accueil plus d’une dizaine d’animaux depuis le début de son histoire avec la SPCA. (© Photo: Marilou Photographe)

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